Nanni Moretti nous fait voyager dans l’âme humaine.
Santiago, Italia, le dernier film de Nanni Moretti, n’est pas une fiction, mais un documentaire ; et la ville de Santiago ne se situe pas en Italie, mais au Chili. Mais qu’est-ce qui a pris à Nanni Moretti avec cette oeuvre ?
Las de voir les Italiens se refermer sur eux-mêmes, se contenter de vivre de manière individualiste dans une société de l’ultra-consommation, il a décidé de rappeler à ses compatriotes un épisode glorieux de leur histoire.
Souvenez-vous, le 11 septembre 1973, un certain Salvador Allende est destitué dans la violence par l’armée chilienne et un certain Augusto Pinochet, tout ça avec le soutien de la CIA. Allende avait été élu démocratiquement trois ans plus tôt et avait permis une amélioration des conditions de vie de la grande majorité de la population de son pays. Malheureusement, pour réussir ce programme, il a commis plusieurs très graves erreurs, dont une touchait directement les intérêts économiques des États-Unis : il a nationalisé plusieurs entreprises du pays. Action rapidement corrigée par son successeur, bien évidemment.
Mais quel lien peut donc avoir cet événement avec l’Italie de Nanni Moretti ? Eh bien une fois le coup d’État effectué, des milliers de sympathisants d’Allende ont été traqués, et quelques centaines, parmi eux, ont pu trouver refuge dans l’ambassade italienne, qui leur a ensuite permis de rejoindre l’Italie et de s’y installer.
Au-delà d’une émotion forte partagée par les acteurs de l’époque au travers de leurs témoignages, c’est un message éminemment politique et humain que cherche à distiller le réalisateur : c’est lorsque nous sommes solidaires que nous sortons grandis d’une épreuve ; non pas quand on décide de fermer les yeux sur le malheur d’autrui et de se replier sur soi. Et ce message ne s’adresse pas qu’aux Italiens, mais bel et bien à tous les êtres humains vivant dans une situation confortable et privilégiée. Vous mangez à votre faim ? vous avez un toit sur votre tête ? pensez-donc à ceux qui ne sont pas dans le même cas que vous, et pensez à ce que vous pouvez leur apporter.
Attention, cela ne signifie pas qu’on ne doit pas se plaindre et qu’on ne doit pas militer pour tenter d’instaurer plus d’égalité et de liberté dans nos sociétés ! Cela signifie qu’en plus de ça, il faut aussi penser à tous ceux qui ont moins que nous, et tout mettre en oeuvre pour leur venir en aide lorsqu’ils nous sollicitent. Quelle différence y a-t-il entre les Africains d’aujourd’hui et les Chiliens d’hier ? Aucune.
Une phrase très marquante dans ce documentaire est à retenir (entre autres) : « La démocratie plaît tant qu’elle plaît aux puissants. » Méditons-là ; n’oublions pas que la situation des Chiliens de 1973 ou celle des Africains d’aujourd’hui a déjà été celle de nos aïeux par le passé, et pourrait être la nôtre dans le futur ; et continuons à militer et agir pour que les puissants en question aient de moins en moins de pouvoir.
N’hésitez pas, aller voir ce documentaire au cinéma.