Nouvel ouvrage dans la Gallusothèque : « Permanent Record » d’Edward Snowden.

Tout le monde connaît peu ou prou Edward Snowden, ou en tous cas ce qu’il a fait. Grâce à lui, en 2013, le monde entier apprend que la NSA espionne le monde entier, au travers des technologies du numérique que le monde entier, ou presque, considère comme un progrès indiscutable. Eh bien discutons-en un peu. Voilà ce qu’il nous incite à faire via une autobiographie sortie en 2019, intitulée Permanent Record, « enregistrement permanent » en français.

Ne vous attendez à aucune révélation croustillante, il n’y en a pas. Comme il l’explique parfaitement lui-même, jamais il ne s’est permis de décider de ce qui devait être rendu public ou non. Il a fait le choix de prendre contact avec des journalistes, en 2013, justement parce que c’est leur rôle de trier les informations et de déterminer ce qui mérite d’être porté à l’attention du public. Lui s’est contenté de mettre à leur disposition une quantité phénoménale de données, dont certaines n’ont pas été dévoilées car, par exemple, elles auraient pu mettre en péril la vie d’agents gouvernementaux en mission et de leur famille.

Alors qu’y a-t-il d’intéressant à découvrir dans cette autobiographie ? Tout, le pourquoi et le comment qui l’ont mené à prendre la décision de devenir lanceur d’alerte, mais surtout un traître pour son pays. Né en 1983, Edward Snowden devient très tôt maître dans l’art d’utiliser l’outil informatique. Les vieux de la vieille du gouvernement états-unien, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, sont complètement dépassés par cet outil véritablement abscons pour eux. Par nécessité, la nouvelle génération va se retrouver rapidement, beaucoup trop rapidement, avec des responsabilités étonnantes entre les mains au sein des agences les plus vitales pour la sécurité du pays. Ajoutez à cela une grosse pincée de corporatisme favorisant les grandes entreprises privées, et vous vous retrouvez avec des vingtenaires sous-traitants, qui n’ont jamais juré fidélité à la Constitution des États-Unis, à des postes clef. Que ce soit au sein de la NSA, de la CIA ou du FBI.

Snowden, fils d’agents gouvernementaux, patriote s’étant engagé dans l’armée après les attentats du 11 septembre 2001, devient d’abord salarié d’un sous-traitant avec un très bon revenu, puis décide de devenir agent gouvernemental, de jurer fidélité à la Constitution, et d’assumer une sacrée baisse de salaire… par pur principe idéologique. Et c’est à partir de là que la machine se grippe… parce qu’au fil des années il va voir passer sous ses yeux des rapports relatant une surveillance généralisée et systématique qu’il ne soupçonnait même pas. Puis, petit à petit, lui qui a juré fidélité à la Constitution de son pays, allègrement ignorée, voire insultée, par les agences qui l’emploient sous prétexte de lutte anti-terroriste, il va se rendre compte que travailler pour un gouvernement ne revient pas forcément à travailler pour un peuple…

Cette autobiographie est édifiante et en dit long sur le « progrès » technologique et ce qu’on en fait. Ou plutôt ce qu’on en laisse faire, par les autorités (in)compétentes, en tant que citoyens… Aujourd’hui, Edward Snowden est un héros international, expatrié à Moscou, car la Russie est le seul pays à avoir pu lui permettre de vivre à l’abri de la justice états-unienne. La France, pays des droits de l’Homme ? Aux abonnés absents…

Attention, l’ouvrage est en anglais dans le texte. À disposition, donc, des anglophones !