Le Gallus emplumé

Convaincus que nous ne devons pas attendre monts et merveilles de nos personnalités politiques, cette rubrique souhaite mettre à l’honneur des initiatives cherchant à transformer la société dans laquelle nous vivons pour l’amener vers quelque chose de plus respectueux de l’humain et de l’environnement.

Elle reprend, et éventuellement complète, le concept de l’émission intitulée Supercitoyennes et supercitoyens, le pouvoir est entre vos mains ! que nous avons la chance de présenter sur une radio locale du 18ème arrondissement de Paris : Radio Barbès.


Claire Rouchouse

Claire Rouchouse s’empare du micro de l’émission pour nous présenter la coopérative d’hébergement numérique Ouvaton, dont elle préside le Directoire, tout en nous parlant de son amour pour les livres anciens. Entre Internet et les vieux bouquins, laissez-vous mener au travers de circonvolutions spirituelles étonnantes et enrichissantes… Entretien enregistré le 25 septembre 2021.

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Une belle personne nous a quittés.

Le 21 janvier 2022, Bouba Touré nous a quittés, et c’est un énorme vide qui remplit son absence… Nous ne l’avons pas côtoyé longtemps, car nous ne l’avons rencontré qu’en 2018, mais ces quelques trop courtes années nous ont laissé entrevoir la beauté de son engagement, de son parcours de vie.

Français avant d’être Malien (il est né dans l’ancienne colonie française avant l’indépendance), il émigre dans l’Hexagone à l’âge de 17 ans dans le but de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir en envoyer à sa famille. Ne pouvant que constater l’inégalité de traitement qui lui est infligée du fait de sa couleur de peau, de son accent (certainement à couper au couteau puisqu’il apprend le français après son arrivée en suivant des cours du soir), et les conditions de vie en foyer peu propices à une vie saine et équilibrée ; se laissant gagner par les idées qui caractériseront le mouvement ouvrier de Mai 68 ; il se forme auprès de paysans français, avec treize acolytes, et retourne régulièrement dans son pays natal pour y développer un projet de coopérative agricole qui voit le jour en 1976, et qui sera baptisé Somankidi Coura (littéralement « le Nouveau Baobab »).

Cette coopérative agricole existe encore aujourd’hui, et permet à un village de six cents habitants de vivre dignement en auto-suffisance alimentaire.

Cette aventure magnifique, il n’aura eu de cesse d’en parler autour de lui, d’en témoigner au travers de ses photos, qu’il aura exposées sur tous les continents ou presque. Puis il aura aussi témoigné de la condition d’immigré en France dans les années 60, au travers d’un très beau livre, qui a d’ailleurs intégré notre Gallusothèque en 2019, Notre case est à Saint-Denis 93, publié par les Xérographes, une maison d’édition associative située dans le 18ème arrondissement, quartier qu’affectionnait particulièrement Bouba même s’il avait élu domicile à Pantin.

Il était séducteur, charmeur, et même coquet, à tel point qu’il nous avait affirmé être né en 1948. Quelle surprise fut la nôtre quand, en lâchant une poignée de terre sur son cercueil, nous y lûmes, en résumé de son passage dans ce monde, « 1942-2022 »… Après une vie bien remplie, il a tiré sa révérence à presque 80 ans, et nous pouvons nous consoler en nous disant que, si nous l’avons rencontré en 2018 alors qu’il avait tout juste 70 ans, nous ne l’avons pas côtoyé pendant quatre ans seulement, mais pendant presqu’une décennie ! Les moments passés en sa compagnie ont été en tous cas suffisamment riches pour nous laisser des souvenirs denses et précieux, pouvant remplir sans problème une décennie entière par la matière philosophique et humaine qu’ils nous ont procurés.

Bouba est mort, mais Bouba vit. Son héritage est grandiose, bien que peu connu, et pas assez reconnu. Si cette société ne l’a pas loué à sa juste valeur, c’est bien la preuve qu’elle ne tourne pas rond. Il ne s’en plaignait jamais, cultivait un rire communicatif et utilisait et défendait avec coeur ce qu’il appelait sa « langue coloniale ».

Nous avons eu la chance d’en garder une trace sonore en enregistrant le premier opus de notre émision Supercitoyen, le pouvoir est entre tes mains en sa compagnie. Une heure à ses côtés, belle et émouvante – peut-être maladroite par moments en ce qui nous concerne -, qui vaut bien six années oubliées, masquées par pudeur ou coquetterie, qui pouvaient nous laisser espérer plus de temps à ses côtés…


Yaël Benayoun

Yaël Benayoun nous fait l’honneur de nous présenter l’association technocritique qu’elle a cocréée, Le Mouton numérique, et dont les réflexions menées depuis 2017 l’ont aidé dans l’écriture de l’essai intitulé Technologies partout, démocratie nulle part (nous avons pris le temps de le lire, et nous vous le conseillons vivement). Une émission enregistrée le jour de la fête du travail, le 1er mai 2021.

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Djo

Enregistré le 18 janvier 2021, cet opus 7 vous permettra de découvrir le créateur de Radio Barbès, qui est aussi disquaire dans le 18ème arrondissement de Paris.

Notre invité n’a pas souhaité proposer cette émission en rejeu (autrement dit en podcast quand on parle la novlangue) sur le site Internet de la radio (c’est pour cette raison que l’opus 8 y a été diffusé avant), car il a trouvé que la mise en abyme nombriliste était un peu trop flagrante, et a préféré laisser la primeur à sa modestie. C’est pourquoi vous ne pourrez l’écouter qu’ici, comme une sorte d’exclusivité gallusienne.


Amine Mokhtar Bennounane

Médecin dans une Permanence d’Accès aux Soins de Santé (une PASS) en Île-de-France, Amine nous fait part de son point de vue sur le système de santé français en général, et sur la gestion gouvernementale de l’épidémie de coronavirus. Cette émission a été enregistrée le 14 février 2020, et est diffusée, par Radio Barbès, avant l’opus 7. Nous espérons pouvoir résoudre très bientôt cet étrange mystère…

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Lyriane Bonnet.

Sculptrice, photographe, documentariste et chercheuse au CNRS, Lyriane partage avec nous son expérience du militantisme et des manifestations, qu’elle considère, en tant que mère de famille, de plus en plus dangereuses. C’est lors d’un concert sur le Triangle de Gonesse, organisé par le CPTG et l’association CARMA, en septembre 2020, que nous l’avions rencontrée. L’émission a été enregistrée le 8 décembre 2020.

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Nous sommes sociétaires Ouvaton.

Vous ne connaissez pas Ouvaton ? Il s’agit pourtant d’un hébergeur numérique incontournable, car travaillant pour un Internet plus neutre, non censuré et décentralisé. En plus, détail non négligeable, cet hébergeur a une structure coopérative d’intérêt collectif, et pour 16€ il est possible d’en acquérir une part et d’en devenir sociétaire. Aux assemblées générales, c’est bien simple : une personne (morale ou physique) = une voix. Comme beaucoup de coopératives, les bénévoles sont bien évidemment les bienvenus pour contribuer au devenir du projet.

À noter : Ouvaton fête en 2021 ses vingt ans, et pour l’occasion offre un forfait hébergement d’un an à l’un de ses sociétaires tous les mois !

Elle prépare actuellement sa candidature pour intégrer les CHATONS (Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires).

Cerise sur le gâteau, elle a la gentillesse de présenter, sur sa page d’accueil, notre site Internet (qu’on héberge chez elle… une sorte de mise en abîme, quoi… 😉 ) !

Vous pouvez la rejoindre sur les réseaux sociaux, libres et décentralisés, Mastodon et Diaspora*.


Johanna Barasz et Margaux Dellacherie-Barasz

Johanna et Margaux, mère et fille, ont écrit à quatre mains une très belle nouvelle intitulée Le sens du Nil, dont nous vous proposons d’écouter la lecture suivie de l’émission elle-même (enregistrées le 4 octobre 2020), dans laquelle seront questionnées, entre autres, la légitimité d’écrire sur un thème qui ne nous concerne pas de prime abord ; la centralisation de la gestion de la « chose publique » aux mains d’un État ; et la création du Bar commun, lieu associatif situé dans le 18ème arrondissement parisien.

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Alexia Rivet, animatrice, militante CARMA.

La Coopération pour une Ambition agricole, Rurale et Métropolitaine d’Avenir milite depuis déjà plusieurs années pour une transition écologique francilienne à partir des terres du Triangle de Gonesse. Après une présentation de sa philosophie de vie basée sur l’échange humain avant tout, Alexia Rivet nous en expose l’objectif principal ainsi que les actions déjà entamées. Émission enregistrée le 31 août 2020.

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Véronique Bonnet, philosophe, militante du Logiciel Libre.

Dans cette troisième émission (enregistrée le 6 mars 2020), nous avons le plaisir de partager une très grosse heure avec Véronique Bonnet qui, en citant Alexis de Tocqueville, nous met en garde : pour elle, l’État dégrade, sans brutaliser, notre rapport aux autres et à la nature, notamment au travers d’une informatique et d’un numérique non libres.

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Lire la transcription de l’émission effectuée par l’APRIL.


Daniel Conrod, écrivain, chroniqueur.

Le 18ème du mois est un mensuel généraliste local de qualité, écrit par des bénévoles du 18ème arrondissement parisien pour les habitants de ce même 18ème. Dans chaque numéro, Daniel Conrod signe une chronique à travers laquelle il questionne notre rapport à l’autre, à l’humain qu’est notre voisin, notre commerçant ou encore un réfugié venu d’un pays lointain. Émission enregistrée le 10 janvier 2020.

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Bouba Touré, paysan, photographe et écrivain.

Pour la première de notre émission (enregistrée le 19 novembre 2019) sur Radio Barbès, nous avons eu l’immense plaisir de recevoir Bouba Touré, un franco-malien qui a contribué à créer, en 1976, une coopérative agricole bio au Mali, au bord du fleuve Sénégal, qui existe encore aujourd’hui et qui permet à un village de 600 habitants de vivre dignement.

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Nous voulons des coquelicots.

Dans notre premier album, sorti en janvier 2020, vous trouverez notre chanson intitulée J’ai pas compris, dont voici un extrait :

J’ai pas compris pourquoi
Les paysans sont là
À labourer comme ça
Dans ce drôle de climat

Leurs champs qu’ils emprisonnent
Dans des gaz en bonbonnes
Même si les pestes sonnent
Un glas qui trop raisonne

Refrain : Dans nos corps, dans nos sols.

(Pour lire la suite, nous vous invitons sur notre page Nos paroles, où celles-ci sont classées par ordre alphabétique.)

Et puisque nous préférons agir plutôt que de faire de l’explication de texte, nous souhaitions, par ces quelques lignes, vous signaler que Gallus a signé l’appel pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèses Nous voulons des coquelicots.

Ceci exposé, précisons que vouloir interdire les pesticides est une bonne chose, mais ça ne suffit pas ! Il faut aussi lutter :
. contre l’agriculture hors-sol qui appauvrit la teneur en nutriments des fruits et légumes ;
. pour la défense des semences paysannes et la légalisation de leur commercialisation ;
. pour l’agroforesterie ;
. pour une désindustrialisation de notre agriculture afin de revenir à des méthodes artisanales qui respectent le vivant ;
. pour une éducation culinaire incitant à consommer local.

Il n’est pas exclu que cette liste ne soit pas exhaustive ! 🙂


Nanni Moretti nous fait voyager dans l’âme humaine.

Santiago, Italia, le dernier film de Nanni Moretti, n’est pas une fiction, mais un documentaire ; et la ville de Santiago ne se situe pas en Italie, mais au Chili. Mais qu’est-ce qui a pris à Nanni Moretti avec cette oeuvre ?

Las de voir les Italiens se refermer sur eux-mêmes, se contenter de vivre de manière individualiste dans une société de l’ultra-consommation, il a décidé de rappeler à ses compatriotes un épisode glorieux de leur histoire.

Souvenez-vous, le 11 septembre 1973, un certain Salvador Allende est destitué dans la violence par l’armée chilienne et un certain Augusto Pinochet, tout ça avec le soutien de la CIA. Allende avait été élu démocratiquement trois ans plus tôt et avait permis une amélioration des conditions de vie de la grande majorité de la population de son pays. Malheureusement, pour réussir ce programme, il a commis plusieurs très graves erreurs, dont une touchait directement les intérêts économiques des États-Unis : il a nationalisé plusieurs entreprises du pays. Action rapidement corrigée par son successeur, bien évidemment.

Mais quel lien peut donc avoir cet événement avec l’Italie de Nanni Moretti ? Eh bien une fois le coup d’État effectué, des milliers de sympathisants d’Allende ont été traqués, et quelques centaines, parmi eux, ont pu trouver refuge dans l’ambassade italienne, qui leur a ensuite permis de rejoindre l’Italie et de s’y installer.

Au-delà d’une émotion forte partagée par les acteurs de l’époque au travers de leurs témoignages, c’est un message éminemment politique et humain que cherche à distiller le réalisateur : c’est lorsque nous sommes solidaires que nous sortons grandis d’une épreuve ; non pas quand on décide de fermer les yeux sur le malheur d’autrui et de se replier sur soi. Et ce message ne s’adresse pas qu’aux Italiens, mais bel et bien à tous les êtres humains vivant dans une situation confortable et privilégiée. Vous mangez à votre faim ? vous avez un toit sur votre tête ? pensez-donc à ceux qui ne sont pas dans le même cas que vous, et pensez à ce que vous pouvez leur apporter.

Attention, cela ne signifie pas qu’on ne doit pas se plaindre et qu’on ne doit pas militer pour tenter d’instaurer plus d’égalité et de liberté dans nos sociétés ! Cela signifie qu’en plus de ça, il faut aussi penser à tous ceux qui ont moins que nous, et tout mettre en oeuvre pour leur venir en aide lorsqu’ils nous sollicitent. Quelle différence y a-t-il entre les Africains d’aujourd’hui et les Chiliens d’hier ? Aucune.

Une phrase très marquante dans ce documentaire est à retenir (entre autres) : « La démocratie plaît tant qu’elle plaît aux puissants. » Méditons-là ; n’oublions pas que la situation des Chiliens de 1973 ou celle des Africains d’aujourd’hui a déjà été celle de nos aïeux par le passé, et pourrait être la nôtre dans le futur ; et continuons à militer et agir pour que les puissants en question aient de moins en moins de pouvoir.

N’hésitez pas, aller voir ce documentaire au cinéma.


Le Troisième café n’est pas le dernier pour aider son prochain.

Il y a quelques jours, nous sommes allés déjeuner au Troisième café, un lieu associatif situé dans le Marais, à côté du marché des Enfants rouges, et nous avons eu le plaisir de partager notre table avec Anne Esambert, la présidente de l’association. Bon, on vous avoue, ce n’était pas un hasard, même si ce lieu exigu se prête formidablement bien aux rencontres impromptues et au partage de moments conviviaux.

Au Troisième café on y mange bien, et pour pas cher. Normal, puisque l’un des objectifs principaux d’Anne en ouvrant ce lieu en octobre 2014 – avec l’aide d’une poignée d’habitants du 3ème – était de faire en sorte que « ceux qui n’ont pas d’argent puissent aussi manger bio et local ». Après deux décennies à travailler dans le domaine de la politique, elle n’a pu que constater le « manque d’exemplarité au niveau des élites, privées comme publiques. Tout le monde considère qu’il peut faire ce qu’il veut. » Alors comme souvent devant l’impéritie de nos représentants politiques, une citoyenne s’est retroussée les manches et a décidé de proposer une solution, à son échelle, aux maux de notre société individualiste. Depuis maintenant plus de quatre ans, elle fait donc « oeuvre utile », à tel point que les personnes sans le sou peuvent y venir se nourrir gratuitement, grâce à un système mutualiste très simple : ceux qui peuvent laisser quelques centimes ou quelques euros de plus voient leur obole se transformer en « plats suspendus » qui seront servis à ceux qui les demandent.

Et même, depuis un peu plus de deux mois, des maraudes sont organisées tous les jeudis soirs pour aller à la rencontre des laissés-pour-compte du quartier et leur proposer un repas chaud, cuisiné notamment avec des invendus fournis par certains commerces bio.

Mais pour faire tourner cette boutique, il faut du monde ! En dehors des bénévoles qui s’engagent dans ce projet, ce sont quatre salariés qui se relaient, dont trois emplois aidés. Il est d’ailleurs à noter que, depuis la réduction drastique des moyens financiers publics consacrés aux emplois aidés, les effectifs du Troisième café sont passés de six salariés à quatre. Ben oui, il faut bien comprendre que notre « start-up nation » ne veut rien avoir à faire, ou le moins possible, avec des projets associatifs solidaires qui ne dynamisent pas confortablement notre croissance économique ! Il faut avant tout créer de la richesse ! Mais pour qui ? La question, bien que pertinente, reste aujourd’hui en suspens, et peu de politiques se la posent.

Par conséquent, qui sait ? vous pourrez peut-être avoir le plaisir de découvrir un jour, au hasard d’une promenade parisienne, un scooter surchargé de produits frais (en général 10kg de pommes-de-terre, autant de carottes, autant d’oignons, quelques herbes aromatiques et on en passe) conduit par une femme douce et déterminée, et vous aurez tout le loisir de vous demander si le poids de la tâche n’est pas supérieur à celui de la personne qui l’assume.

Le Troisième café vous attend.


Le Bar commun, un bar pas commun.

Pour vous parler du Bar commun, nous avons rencontré Laura et Benjamin, deux des membres fondateurs de ce lieu associatif du 18ème.

L’idée du Bar commun est née en novembre 2015, de désillusions et de déceptions vécues dans des parcours professionnels assez politisés. Un constat d’échec sans ambiguïté sur notre système démocratique actuel : alors que l’un était « socialiste productiviste » pur et dur, et que l’autre découvrait une culture française qui définissait chacun par sa profession – et donc par sa contribution économique à notre sacro-sainte croissance – , les deux ont fini par se rencontrer en 2008 au Parlement européen et n’ont pas tardé à rendre les armes, car témoins d’un monde politique « en permanence dans l’urgence », qui ne réagit qu’à « ce que l’air du temps [lui] dit ». « Tout est faux. » « Paumée politiquement et idéologiquement. »

Constat d’impuissance et perte de repères face à des personnalités qui n’ont souvent pas grand chose d’autre en tête que l’idée de se faire réélire.

Nous ne sommes plus en démocratie, mais dans une espèce d’électocratie, ou de lobbycratie. Se pose alors la question suivante : « qu’est-ce que la démocratie ? »

Selon Wikipedia, le terme démocratie désigne le plus souvent un régime politique dans lequel les citoyens ont le pouvoir. Pourtant, après leur expérience en politique, Laura et Benjamin ont eu plus que jamais l’impression de n’avoir aucun pouvoir, de n’avoir aucune prise sur « l’air du temps » qui dicte tant de choses à nos représentants politiques.

Petit à petit a donc germé l’idée de créer un lieu qui appartiendrait à tous, et en même temps à personne. Une sorte de laboratoire d’idées dans lequel chacun pourrait se sentir utile et proposer des pistes de réflexion sur le monde qui nous entoure. Avec une poignée de courageux, ils ont ouvert le Bar commun en octobre 2017, au 135, rue des Poissonniers, dans le 18ème à Paris.

Mais ça n’a pas été simple, parce que dès le départ ils ont souhaité marquer leur différence avec nos habitudes administratives : l’association qui régit ce lieu n’a pas de président, ce qui est un comble dans notre France cinq fois républicaine ! Notre Hexagone est peut-être le pays qui recense le plus de président au kilomètre carré ! Mais ils ont souhaité que ce projet ne puisse être personnifié, qu’il puisse appartenir à toute personne désireuse de s’y investir. Et ce détail-là, à la symbolique très forte, ne les a pas aidé pour obtenir les financements et les autorisations nécessaires pour donner vie à leur bébé.

Mais passons les difficultés et tracasseries administratives qu’on rencontré ces démiurges pour tout de suite recentrer le sujet sur l’important : le bar. Pourquoi avoir créé un bar ? Pour attirer du monde. Le bar est le produit d’appel le plus évident pour faire venir les gens (juste avant le salon de coiffure !). Mais ça n’est pas une fin en soi ! L’objectif est bel et bien de réfléchir à notre société et de faire réfléchir sur notre société, sur ce fameux « air du temps » pour arriver à le changer, à lui donner la direction souhaitée. Et cette direction, sans être des plus précises, est déjà plutôt claire dans leur esprit :

. Il faut « changer ce qui est désirable », faire en sorte que le confort matériel associé au travail ne soit plus bêtement synonyme de réussite, que l’égoïsme ne soit plus une valeur de battant, que l’empathie ne soit plus associée à la bêtise, que l’on sorte enfin de cette société de la compétition !

. Il faut « démonétariser la société, les relations sociales » notamment par le biais du bénévolat (et de la mise en place d’un revenu universel ? d’une monnaie alternative non assujettie à la politique d’un État ou d’une région économique ?).

. Il faut tendre vers « une croissance à 0% ou vers une forme de décroissance » (une insulte au capitalisme ambiant !).

Pour arriver à tout ça, il faut donc « sédimenter des idées », puis les expérimenter pour « avoir un vécu collectif sur des façons de faire alternatives », et enfin « proposer un appui collectif à ceux qui se questionnent ».

Le Bar commun a besoin de bénévoles, de bonnes volontés et de motivation pour ne pas devenir un bar… commun ! Pour qu’il fonctionne, bien sûr (ce ne sont que des adhérents bénévoles – 2€ l’année – qui passent derrière), mais aussi pour que fourmillent les idées, et se multiplient les activités proposées (conférences, débats, discussions, ateliers, aide administrative, concerts engagés, etc.). Rejoignez ce projet, rejoignez-les, rejoignez-nous ! Bref… Rejoignez-vous ! Et changeons ensemble cet « air du temps » qui semble dicter tant de choses à nos représentants politiques…


En guerre

Le dernier film de Stéphane Brizé (qui a déjà prouvé son talent avec La loi du marché) s’intitule En guerre. Et c’est en effet un vrai film de guerre qui nous est proposé, mais sans arme à feu. Un film de guerre sociale, un film de guerre économique. Donc avec armes de destruction massive.

Avec une image à fleur de peau, qui ne se pose que rarement, et une musique électrique lourde et saturée, nous nous laissons transporter par Vincent Lindon (son plus beau rôle ?) dans un conflit opposant les ouvriers d’une usine promise à la fermeture aux patrons de celle-ci.

La mise en scène nous promène au travers d’une situation devenue tellement banale au fil de ces dernières décennies que plus grand monde n’y prête attention : le licenciement de centaines de personnes par une entreprise qui fait des bénéfices. Et le metteur en scène nous invite à faire face à ces questions : est-ce normal ? Devons-nous accepter ce type d’agissements sous prétexte que la concurrence économique mondiale l’exigerait ?

Nous assistons donc à l’indignation pacifique d’hommes et de femmes désespérés , comme on l’a déjà vu cent fois aux informations télévisées. Le conflit s’étale sur plusieurs semaines, puis l’impatience grandissant, l’État – censé représenter le peuple – missionne des forces de police pour déloger les grévistes de cette usine, par la violence. Pas de coups de matraques, pas de gaz lacrymogène, non, simplement des bousculades et des enlèvements de force. De la violence physique. Peut-être pas très spectaculaire, mais de la violence physique tout de même. Comme on en a déjà vu cent fois aux informations télévisées.

Comment un État peut-il autoriser la violence physique pour protéger des intérêts privés ? D’autant plus quand ces intérêts privés jouent contre l’intérêt public ? Se pose alors la problématique d’une loi devenue illégitime, car protégeant les plus forts au détriment des plus faibles. Une loi mise en place par un État acceptant une violence insidieuse, psychologique, sociale et économique, et s’étonnant d’une violence physique qui finit par éclater en réaction à la première…

En guerre est un film coproduit, entre autres, par Stéphane Brizé et Vincent Lindon.

Il est beau de voir les gens combattre pour une société plus juste, plus égalitaire ; et il est beau de voir que ce film magnifique n’a reçu aucune récompense au dernier festival de Cannes. Bizarrement, nous n’en sommes pas étonnés.


Enercoop

Nous, le duo Gallus, ne souhaitons pas que nos expressions s’adaptent aux sillons irradiés et radiés de nos terres arables. Imaginez un peu, si c’était le cas, nous les dirions, sans rire,  à cette façon : « ne te fais pas de  Tchernobyl », ou encore « Nagasaki le tour ? » ou même « tout Fukushima le camp dans cette région ! »

Alors pour éviter que cela arrive, il existe d’autres solutions que celles, traditionnelles, qui consistent à ne se reposer que sur les éventuelles décisions et volontés politiques, ou à tenter d’influer dessus pour que les choses changent. Nous pouvons tous, en tant que citoyens consommateurs (eh oui, n’oublions jamais que derrière chaque consommateur – une valeur si chère à notre culture d’entreprise – se cache un citoyen ! ) choisir de ne plus soutenir notre industrie nucléaire. Comment donc ? Simplement en résiliant notre contrat avec EDF, et en nous tournant vers Enercoop.

Enercoop est un ensemble de coopératives régionales qui a pour but de rapprocher le consommateur d’électricité de son producteur d’électricité, un peu sur le même modèle que les AMAPs. Et bien sûr, en plus de dénicher de plus en plus de producteurs locaux, Enercoop s’attache à ne fournir que de l’électricité « verte », c’est-à-dire non issue des énergies nucléaire (très dangereuse, mais aussi polluante, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire) et fossiles (très polluantes).

Alors bon, il faut tout de même prendre en compte que cette énergie coûte un peu plus cher que celle, bon marché (ou prétendument bon marché), fournie par les entreprises du secteur. Selon nos calculs, tout à fait informels, il faut s’attendre à une augmentation de sa facture d’électricité de 15% environ par rapport aux tarifs d’EDF.

Mais il va aussi falloir qu’on apprenne à remettre le prix dans les choses qui en valent le coût ! Au même titre qu’il nous semble tout de même assez étrange de trouver, dans les rayons des supermarchés, de la viande à un prix inférieur à celui de la nourriture pour chat (entendons-nous bien, nous n’avons rien contre les chats…), nous pensons qu’il est assez logique de payer une énergie plus chère si elle est respectueuse de l’humain (n’oubliez pas la main d’oeuvre qui est nécessaire à l’extraction de l’uranium dont nos centrales ont besoin, aujourd’hui principalement originaire de mines situées au Niger) et de l’environnement.

Enercoop propose en plus un beau slogan, révélateur de sa non participation à cette course frénétique que nous nommons « croissance économique » : l’énergie la plus propre est celle que nous ne consommons pas !

Alors prenez le temps de réfléchir, de déterminer ce qui est vraiment important pour vous, et agissez selon votre conscience.

Et vive l’énergie militante !


Utopia 56

Dimanche 3 décembre 2017 est organisée à partir de midi, à la Cantine du 18, par l’association Utopia 56, une braderie dont les bénéfices serviront à financer différentes actions d’aide aux réfugiés.

Bérengère Viennot, bénévole dans cette structure depuis un an, et aujourd’hui responsable des points de collecte dans le 18ème arrondissement, nous en explique le fonctionnement : l’association récupère les vêtements dont les parisiens ne veulent plus, et les redistribue aux réfugiés situés, notamment, Porte de la Chapelle. Mais certains de ces habits ne conviennent pas pour vêtir et réchauffer ces personnes vivant dans une situation plus que précaire, alors, dans ce cas, une braderie est organisée, au terme de laquelle les subsides reçus servent à financer des nuits d’hôtel pour mineurs, ou les contraventions et les mises en fourrière (car les véhicules de collecte et de maraude sont parfois pris pour cible par les services de la ville de Paris), ou encore des produits d’hygiène, toujours à destination des mêmes personnes.

Bérengère habite dans le nord de Paris. Assez rapidement, comme nous tous, elle s’est retrouvée confrontée à ces hordes de réfugiés cherchant tant bien que mal des abris de fortune et des squats. Avec trois heures d’engagement par semaine en moyenne, elle apporte son aide à ces gens-là, en se rendant bien compte que nous pourrions être à leur place. Leur seul véritable malheur, c’est de n’ « être pas né entre les bonnes cuisses ». Et à ceux qui prétendent qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, elle rétorque qu’ « elle est déjà là, la misère du monde, et [ qu’ ] il faut bien s’en occuper ».

Alors elle a pris contact avec Utopia 56, qui est une association créée en janvier 2016 dans le Morbihan, en Bretagne, par des festivaliers décidés à aider à la gestion de la crise humanitaire à Grande-Synthe et dans la jungle de Calais, puis qui ont élargi leur périmètre d’action jusqu’à Paris. Jusqu’à la fin de l’année 2016, l’association s’est occupée du vestiaire (distribution de vêtements) du camp de la Chapelle, mais face aux durcissements des politiques publiques concernant les réfugiés,  et à la mise en place d’une sélection s’appuyant notamment sur les accords de Dublin qui rendent une personne possiblement « dublinable » (néologisme signifiant « expulsable dans le pays où elle est d’abord arrivée en Europe » ; en bref, il s’agit ni plus ni moins d’une politique de la patate chaude), elle a préféré s’en retirer et augmenter les maraudes dans Paris.

Nous pouvons tous soutenir l’action d’Utopia 56, en devenant bénévole, adhérent, ou en participant à son programme d’hébergement citoyen qui tend à se développer (si vous avez de la place chez vous, peut-être pourriez-vous accueillir un réfugié pour une nuit ? ).

N’oublions jamais que nous pourrions être ces gens-là, et qu’en les aidant, en les hébergeant, en les habillant, « on ne déshabille pas Jacques ou Paul pour habiller Mohamed », non, on se pare d’une dignité dont ne font pas souvent preuve les politiques électoralistes qui nous gouvernent. Et on traite autrui comme on aimerait être traité.

Il ne tient qu’à nous que l’action d’Utopia 56 ne soit pas qu’une utopie.


Novembre 2017 : un joyeux détournement des espaces publicitaires.

Dernièrement, dans le couloir reliant les lignes 4 et 12 du métro parisien, à la station Marcadet-Poissonniers, les espaces publicitaires tapageurs de la RATP ont été détournés d’une manière gouleyante. Ci-dessous, quelques photographies d’illustrations prises et transmises par notre envoyé spatial (qui ne se déplace que dans l’espace, jamais dans le temps) Dominique Grichois :

Alors, il est pas vivant notre 18ème ! ? ! Ça vous réchauffe pas les plumes de voir tant d’indignation étalée au grand jour ! ? !