Le Gallus emplumé : Utopia 56.

Dimanche 3 décembre 2017 est organisée à partir de midi, à la Cantine du 18, par l’association Utopia 56, une braderie dont les bénéfices serviront à financer différentes actions d’aide aux réfugiés.

Bérengère Viennot, bénévole dans cette structure depuis un an, et aujourd’hui responsable des points de collecte dans le 18ème arrondissement, nous en explique le fonctionnement : l’association récupère les vêtements dont les parisiens ne veulent plus, et les redistribue aux réfugiés situés, notamment, Porte de la Chapelle. Mais certains de ces habits ne conviennent pas pour vêtir et réchauffer ces personnes vivant dans une situation plus que précaire, alors, dans ce cas, une braderie est organisée, au terme de laquelle les subsides reçus servent à financer des nuits d’hôtel pour mineurs, ou les contraventions et les mises en fourrière (car les véhicules de collecte et de maraude sont parfois pris pour cible par les services de la ville de Paris), ou encore des produits d’hygiène, toujours à destination des mêmes personnes.

Bérengère habite dans le nord de Paris. Assez rapidement, comme nous tous, elle s’est retrouvée confrontée à ces hordes de réfugiés cherchant tant bien que mal des abris de fortune et des squats. Avec trois heures d’engagement par semaine en moyenne, elle apporte son aide à ces gens-là, en se rendant bien compte que nous pourrions être à leur place. Leur seul véritable malheur, c’est de n’ « être pas né entre les bonnes cuisses ». Et à ceux qui prétendent qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, elle rétorque qu’ « elle est déjà là, la misère du monde, et [ qu’ ] il faut bien s’en occuper ».

Alors elle a pris contact avec Utopia 56, qui est une association créée en janvier 2016 dans le Morbihan, en Bretagne, par des festivaliers décidés à aider à la gestion de la crise humanitaire à Grande-Synthe et dans la jungle de Calais, puis qui ont élargi leur périmètre d’action jusqu’à Paris. Jusqu’à la fin de l’année 2016, l’association s’est occupée du vestiaire (distribution de vêtements) du camp de la Chapelle, mais face aux durcissements des politiques publiques concernant les réfugiés,  et à la mise en place d’une sélection s’appuyant notamment sur les accords de Dublin qui rendent une personne possiblement « dublinable » (néologisme signifiant « expulsable dans le pays où elle est d’abord arrivée en Europe » ; en bref, il s’agit ni plus ni moins d’une politique de la patate chaude), elle a préféré s’en retirer et augmenter les maraudes dans Paris.

Nous pouvons tous soutenir l’action d’Utopia 56, en devenant bénévole, adhérent, ou en participant à son programme d’hébergement citoyen qui tend à se développer (si vous avez de la place chez vous, peut-être pourriez-vous accueillir un réfugié pour une nuit ? ).

N’oublions jamais que nous pourrions être ces gens-là, et qu’en les aidant, en les hébergeant, en les habillant, « on ne déshabille pas Jacques ou Paul pour habiller Mohamed », non, on se pare d’une dignité dont ne font pas souvent preuve les politiques électoralistes qui nous gouvernent. Et on traite autrui comme on aimerait être traité.

Il ne tient qu’à nous que l’action d’Utopia 56 ne soit pas qu’une utopie.