Guide à Gallus

Vous connaissez le guide Michelin, le guide du routard, ou encore le guidon ? Hé bien le guide à Gallus compte bien les concurrencer tous les trois, et en même temps s’il vous plaît !

L’objectif est de vous présenter les lieux que nous apprécions particulièrement dans les villes dans lesquelles nous chantons. Pour commencer à suivre le guide, il suffit de suivre le sens de lecture et d’aller à la ligne !


En suivant ce lien direct vers notre chaîne Funkwhale dédiée, vous pourrez découvrir les témoignages audio de Julien et Advora dans le cadre de notre collection intitulée Mon 18aime. Ils ont été enregistrés le 25 août 2023. Une manière sympathique de découvrir ou redécouvrir notre beau quartier parisien !


Quatre témoignages supplémentaires ont été enregistrés dans le cadre de l’émission intitulée Mon 18aime, mais non diffusés par Radio Barbès. Vous pouvez les écouter sur Funkwhale, une alternative libre et décentralisée aux Deezer, Spotify, et autres plateformes numériques géantes et indiscrètes. Création de compte obligatoire, désolé, mais rapide et sans réutilisation de vos données pour, au mieux, démarchage commercial via publicité ciblée.


Pascal nous raconte son 18aime.

Ancien habitant du quartier, Pascal témoigne au micro de Radio Barbès de son attachement pour notre arrondissement. Enregistrement effectué le 8 avril 2022.


Nouvelle émission sur Radio Barbès : « Mon 18aime ».

Notre 18ème parisien, on l’aime, même si parfois certaines choses peuvent nous agacer ou nous décevoir. Dans cette nouvelle émission, la parole est laissée à celles et ceux qui l’habitent, y travaillent, ou l’ont habité et y ont travaillé, avec pour objectif de dessiner une carte audio pleine d’émotions et d’histoires, sur laquelle nous pourrons toutes et tous nous appuyer pour découvrir ou redécouvrir notre quartier, et le faire vivre comme il le mérite.

Voici le premier témoignage de l’émission, que l’on doit à Clairette, ancienne habitante du quartier qui s’est mariée à l’église Saint-Bernard. Sa parole a été recueillie le 3 février 2022.


Fleurs de sardines, Paris 18.

Une nouvelle boutique a fait son apparition rue des Poissonniers il y a moins d’un an, portant un nom tout à fait cohérent avec sa situation : Fleurs de sardines. Comme son nom ne l’indique pas du tout, il s’agit d’une savonnerie artisanale, laquelle a pour seule savonnière Éléonore.

En plus d’être très aimable et accueillante, Éléonore propose des savons qu’elle fait, bien évidemment, elle-même, avec des ingrédients 100% français, une saponification à froid, sans parfum ni huile essentielle. Elle reçoit dans une boutique attenante à son atelier, où elle invite d’ailleurs les curieux à des ateliers « àfsm » (À Faire Soi-Même, l’équivalent du beaucoup trop usité « Do It Yourself ») de fabrication de savon.

Il y en a pour tous les goûts, au chanvre, au romarin, au mimosa, exfoliant, visage et corps, ménager, etc. Et si le tarif de 8€ l’unité est trop cher pour vous (rappelons qu’il s’agit d’un produit artisanal 100% français fabriqué à Paris dans une boutique qui a pignon sur rue), il est aussi souvent possible de repartir avec un « imparfait », ou une « gueule cassée » comme nous aimons les appeler, pour 6€ (ce qui représente 25% de réduction).

Pour celleux qui n’ont pas la chance ni le bonheur d’habiter notre 18ème arrondissement, sachez que tous ces produits sont aussi en vente sur le site Internet dédié (livraison gratuite à partir de 30€ d’achats). Promis, on n’a aucun intérêt dans cette affaire, si ce n’est alimenter la diversité du quartier !

Il faisait déjà bon vivre rue des Poissonniers, maintenant il fera bon sentir aussi !


Le livreur du bled, Paris 18.

En plein dans la Goutte d’Or, au 46, rue des Poissonniers (Paris 18), a ouvert une épicerie africaine courant 2020 : le livreur du bled. A priori rien de bien audacieux dans ce quartier dont le coeur bat au rythme de la culture de cet immense continent qu’est l’Afrique, sauf que Junior et Hamel, associés dans cette affaire, ont souhaité aussi brasser une clientèle débordant les frontières de leur territoire d’origine.

À cette fin, en plus d’être de bons conseils avec vous, ils sélectionnent du mieux possible des produits typiques de leur terroir et les travaillent pour obtenir des recettes, « afropéennes », pouvant aisément ravir vos papilles européennes, souvent peu habituées à certaines saveurs exotiques. Dans cette optique-là, nous vous conseillons vivement de vous laisser tenter par les excellentes crèmes de safou et de niébé (parfaites pour proposer quelques tartinades apéritives à vos invités), ainsi que par le jus de gingembre-passion, parfait équilibre gourmet entre la force du premier et la douceur légèrement acide du fruit de la passion.

Puis, si vous avez envie de sortir encore plus des sentiers battus culinaires, vous pouvez alors goûter au jujube et aux graines de moringa, en prenant d’abord soin de demander conseil sur la meilleure manière de les manger (il vaut mieux éviter d’ingérer les secondes à jeun). Évidemment, nous sommes loin d’avoir tout tester ni tout découvert, donc le mieux qu’il vous reste à faire est de pénétrer dans cette belle boutique (dans laquelle vous trouverez notamment un rayon vrac vous permettant de remplir vos contenants) et d’oser flâner entre les rayons pour y lire les étiquettes et prendre conseil auprès d’Hamel ou de Junior.

Le bled est maintenant à Paris, pour notre plus grand plaisir gastronomique !


Humphris, Paris 18.

Humphris… Quel drôle de nom, non ? À quoi peut-il bien correspondre ? Ne cherchez pas, car si vous ne connaissez pas, la réponse est difficilement devinable.

Humphris, c’est une sorte de caverne d’Ali Baba dans le domaine de l’alimentaire, et en format petit commerce, située au 74 de la rue des Poissonniers, dans le 18ème arrondissement de Paris. On y trouve beaucoup de choses, et surtout beaucoup de très bonnes choses. Comme c’est une histoire de famille (la famille Humphris, ce qui explique cela, avec quelques origines britanniques là-dedans), divers savoir-faire se mélangent pour proposer de l’excellent pain bio (et on a écumé quelques boulangeries parisiennes avant d’en trouver du bon…) élaboré avec des farines anciennes (pour la plupart), de délicieuses brioches, des fruits et légumes (eux aussi) bio de la ferme familiale ou d’autres fermes partenaires franciliennes (bon, pour les agrumes, ils sont allés cherchés des partenaires un peu au-delà de l’Île-de-France, hein), de la viande d’animaux élevés en plein air (et conditionnée sous vide, car il ne s’agit pas d’une boucherie – les saucissons et chorizos sont succulents), du miel artisanal (de sapin, d’été, de montagne, etc., un régal !) et quelques autres surprises pour le moins sapides.

Si vous êtes un peu perdus, n’hésitez pas à poser des questions au commerçant, car il sera de bon conseil (tiens, demandez-lui la recette de chou kale pour l’apéro) !

Est-il utile d’en dire plus ? Pourquoi faire long quand on peut faire court ?

Alors on s’arrête là, sans photo ni lien Internet, car nous n’en avons pas trouvés de fonctionnels ou de représentatifs. Il va falloir vous déplacer physiquement pour découvrir cette adresse incontournable pour qui aime bien manger, en respectant l’humain et l’environnement !


La Louve, Paris 18.

Quel beau nom évocateur pour un supermarché ! Ah oui, mais pas n’importe quel supermarché : il s’agit en réalité d’une coopérative, mère nourricière pour tous ses clients, qui sont en fait des coopérateurs.

Un supermarché, vraiment ? Oui oui, il s’agit vraiment d’un supermarché, c’est-à-dire qu’on y trouve de tout : de l’alimentaire (principalement en bio, mais pas que) ; de l’alcool ; pas mal de vrac ; des produits d’hygiène (papier toilette, dentifrice, savon, shampooing, produits lavants, etc.) ; et un peu de papèterie et de vaisselle.

Un supermarché comme un autre ? Pas tout à fait, voire pas du tout. Son principe, c’est que le supermarché c’est nous. Aucune grande enseigne derrière, comme Carrefour ou Monoprix, et encore moins d’entreprise cotée en bourse. Il s’agit d’une coopérative tenue par ses coopérateurs. En bref, les grands financiers sont court-circuités.

Pour pouvoir y faire ses courses, il faut donc en acheter des parts pour cent euros (ou dix euros pour ceux qui bénéficient des minimas sociaux), et y assurer un service de trois heures toutes les quatre semaines. Ces conditions remplies, on accède à cette grande surface qui propose des produits environ 20% moins cher qu’ailleurs puisque ne nécessitant que très peu de salariés (moins de dix). Les rayons alimentaires sont principalement approvisionnés en bio, voire en demeter, mais on peut aussi trouver des produits issus de l’agriculture conventionnelle lorsque ceux-ci ne concurrencent pas les autres. L’approvisionnement est autant que possible régional.

En tant que coopérateur, on peut bien évidemment participer aux décisions prises en assemblées générales et suggérer de nouveaux produits et de nouveaux fournisseurs.

Ce projet est très intéressant car, en dehors du fait qu’il permet d’économiser environ 20% sur son caddie et de ne pas alimenter les grands argentiers de ce monde, il permet d’initier une réflexion sur une autre organisation sociétale, dans laquelle nous nous partagerions tous les tâches indispensables au bon fonctionnement de notre communauté. Cela éviterait de les laisser à des personnes embauchées à plein temps pour, souvent, des salaires peu motivants et une reconnaissance presque inexistante.

Venez goûter l’ambiance qui règne entre les coopérateurs !

Née en septembre 2016, la Louve vous ouvre grand ses portes au 116, rue des Poissonniers, dans le beau 18ème arrondissement parisien ! (Mais c’est pas une raison pour délaisser ses petits commerçants… 🙂 )


Le Louxor, Paris 10.

Le Louxor est un cinéma de quartier, qui a réouvert en 2013 grâce à l’action de citoyens réunis au sein de deux associations : HV 10 et Action Barbès.

Il ouvre originellement en 1921 dans une atmosphère de ferveur pour tout ce qui concerne l’égyptologie (le tombeau de Toutankhamon sera découvert en 1922…), ce qui explique, au moins en partie, son nom et son décors. Il passera entre différentes mains, notamment celles de Pathé, avant d’être abandonné au début des années 80 ; de devenir, le temps de quelques mois, entre 1986 et 1988, une discothèque ; puis d’être à nouveau abandonné ensuite.

C’est à partir de 2001 que les associations ci-dessus citées se font entendre auprès de la mairie de Paris pour que ce lieu revive à nouveau. Et, douze ans plus tard (comme quoi, il faut savoir être patient et persévérant), c’est un bâtiment magnifique qui ouvre ses portes au public, avec trois salles de cinéma, un salon d’exposition et d’atelier, et un bar-restaurant en terrasse avec vue sur le Sacré-Coeur (si si, on vous l’assure ! il faut vous caler dans le coin gauche et vous pencher un peu pour en profiter) et des tarifs très accessibles pour une cuisine bien sympathique.

Mais surtout, c’est une programmation audacieuse qui nous est proposée dans un décors égyptisant inspiré du projet initial des années 1920, avec des rétrospectives régulières (Mizoguchi, Renoir, etc.) qui côtoient les nouvelles sorties de film et les ciné-concerts d’oeuvres muettes. Cet éclectisme permet de présenter une large gamme de films aux cinéphiles, et de faire de ce lieu un beau rendez-vous barbésien (non pas relatif à Barbey, commune située en Seine-et-Marne, mais relatif à Barbès, hein).

Laissez-vous donc envoûter par l’esprit des pharaons en stuc et en staff en plein coeur de Paris, à la lisière des 10ème et 18ème arrondissements !


Le Bar Commun, Paris 18.

Ouvert depuis octobre 2017, le Bar commun est un café associatif du 18ème (au 135, rue des Poissonniers) qui ne fonctionne que grâce à ses bénévoles, un peu hors du système économique tel que nous le connaissons depuis trop longtemps.

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Mais l’intérêt de ce lieu n’est pas tant le côté Bar que le côté commun. En effet, l’objectif n’a pas été de créer un énième café parisien, mais bel et bien un espace de partage, d’échange, et de convivialité pour initier une réflexion autour de la société dans laquelle on vit et la direction dans laquelle on souhaite l’emmener. Tous ensemble.

On y trouve une dynamique contagieuse qui donne envie d’espérer, de rêver.

Alors si vous décidez de venir pousser les portes du Bar commun, pensez à d’abord vérifier qu’il n’y a pas une activité en cours, car dans ce cas il va falloir vous faire très discret pour ne pas gêner son bon déroulement. Si bien sûr elle vous intéresse, vous êtes le bienvenu pour y participer ! Toutes les activités sont systématiquement ouvertes à tous !

Et puis si vous voulez participer à la vie du lieu, apprenez qu’elle est elle aussi ouverte à tous ! Que ce soit derrière le bar, pour l’organisation d’activités, la coordination des approvisionnements ou la communication autour du projet, il y a besoin de volontaires !

Pour toute question ou sollicitation, il suffit d’écrire à :

accueil [painauxraisins] lebarcommun.fr .

Et puis surtout, pour connaître le programme des semaines à venir, vous pouvez consulter le site du Bar commun et vous inscrire éventuellement à l’info-lettre.

On espère vous y croiser bientôt !


Le Familistère de Guise.

Pour cette dixième étape du guide à Gallus, nous vous invitons à sortir de Paris pour aller à Guise, une ville riche en Histoire (notez bien le grand H !) située sur l’Oise, dans le nord de l’Aisne. À savoir avant d’y mettre les pieds : ça se prononce [ɡɥiz], c’est-à-dire qu’il faut bien séparer le u du i quand vous prononcez le nom de cette ville, comme si la première syllabe gui était formée en réalité de deux syllabes : gu et i. C’est important, car, même si aucun habitant ne vous lynchera pour ça, l’Histoire résonne encore à travers ce nom.

À l’origine, avant même qu’une ville apparaisse à cet endroit-là, existait un gué permettant de traverser l’Oise à pied, ou à dos d’animal. Il s’agissait donc du gué sur l’Oise, prononcé à l’époque « gué (articulez bien deux syllabes !) sur l’Ise » (mot qui signifie « l’impétueuse, la rapide »). Puis au fil du temps, ce gué sur l’Ise est devenu un village puis une ville dénommée Guise. Mais au XVIème siècle, le seigneur de cette contrée (élevée au rang de duché sous François Ier), Henri Ier de Guise, fait plus que participer activement aux guerres de religions qui ont ensanglantées la France, et notamment au massacre de la Saint-Barthélemy. Ultra-catholique, cette triste figure de notre Histoire, avait évidemment des partisans, que l’on nommait les guisards. Et c’est là que la différence de prononciation apparaît ! Le mot guisard, pour parler de ces partisans, se prononce en deux syllabes ; alors que le mot Guisard, pour parler des habitants de la ville (le gentilé, donc, de cette commune), se prononce tel qu’indiqué en début de cet article, c’est-à-dire en trois syllabes.

Et cette différence est restée : Guise en deux syllabes est une prononciation considérée comme noble, déconnectée de la réalité, faisant référence au tristement célèbre duc ultra-catholique ; Guise en trois syllabes est une prononciation adoptée par le peuple de cette ville, ses habitants, rappelant l’origine de ce mot.

Bref, cette mise en garde effectuée, c’est maintenant au XIXème siècle que nous vous emmenons, tout en restant à Guise. Jean-Baptiste André Godin, personnage bien moins connu qu’Henri Ier de Guise, était un chef d’entreprise communiste. Quoi, ça vous étonne ? Non non, il n’y a pas d’erreur : un chef d’entreprise communiste. Et cet homme, fils d’un artisan serrurier, va se bâtir une fortune qu’il ne cessera, sa vie durant, de consacrer à son grand projet : le Familistère.

Le Familistère est une utopie réalisée, trop peu connue et trop peu médiatisée à notre goût. Jean-Baptiste André Godin, adepte des idées socialistes de Charles Fourier, finit pas se lasser des théories irréalistes et des expériences ratées de ce dernier (dans lesquelles il perdra le tiers de sa fortune) et décide de construire, à partir de 1859, à côté de son usine à Guise, ce qu’il appellera le Familistère (mélange des mots famille et phalanstère), une utopie bien ancrée dans la réalité.

Ce qu’il souhaite, et ce pourquoi beaucoup de personnes – parmi lesquelles sa première femme ! – lui mettront des bâtons dans les roues, c’est créer un lieu dans lequel riches et pauvres pourront vivre ensemble dignement, avec accès à l’eau courante, lumière au gaz à tous les étages, vie en communauté, aération permanente des logements, etc.. Et là vous allez nous dire qu’il n’est pas le seul à avoir voulu créer ce genre de choses, car d’autres patrons d’entreprises l’ont fait aussi ! Eh bien non ! Il ne faut pas confondre ce qu’on appelle le paternalisme d’entreprise, dans lequel un patron considère ses employés comme ses enfants, avec le projet de Godin. Car ce dernier est allé beaucoup plus loin : petit à petit (ben oui, sa famille, notamment, a fait tout ce qu’elle a pu pour retarder la mise en application de ses plans), il a fait en sorte de transformer son entreprise en association (on parlerait aujourd’hui de coopérative) gérée par ses salariés.

Mais surtout ! il n’a rien voulu laisser au hasard, il a étudié au plus près les plans architecturaux des bâtiments qu’il construisait pour éviter de reproduire les mêmes erreurs que dans les corons : des bâtisses individuelles sombres n’incitant pas à la vie en communauté, à un ménage régulier, et n’étant pourvu d’aucun système de ventilation.

Ainsi, à Guise, vous pouvez visiter, à côté des usines Godin (desquelles sortent les célèbres cocottes en fonte du même nom), tout un ensemble de bâtiments, transformés aujourd’hui en musée, qui, pendant environ cent ans, ont été la preuve qu’une utopie peut devenir réalité : les trois « palais sociaux » dédiés au logement des salariés de l’usine, l’école (car Godin souhaitait que les enfants soient éduqués pour qu’ils puissent choisir leur avenir), le lavoir (avec tout ce qu’il y avait de technologie à l’époque pour réduire la pénibilité des tâches domestiques) et la piscine (car il fallait que tout le monde apprenne à nager du fait de la proximité de l’impétueuse et rapide Oise dans laquelle on pouvait se noyer), les commerces (café, restaurant, boucher, etc.), le théâtre (pour le divertissement), et les jardins (notamment potagers). Et tout cet ensemble architectural, usine comprise (mais non visitable) a bel et bien fini par être géré par une association de salariés créée par Jean-Baptiste André Godin.

C’est-à-dire que cet homme-là n’a pas souhaité léguer sa fortune à sa progéniture, mais l’a consacrée à la concrétisation d’une utopie qu’il a porté toute sa vie. Ce geste n’est pas que symbolique, il met très avant l’indécence de l’héritage familial qui, dans nos sociétés démocratiques d’aujourd’hui, perpétue une inégalité séculaire qui permet aux familles riches de le rester, voire de s’enrichir toujours plus à chaque génération. Thomas Piketty l’explique parfaitement dans son ouvrage Le capital au XXIème siècle.

Cette utopie a tenu un bon siècle, a survécu à son créateur pendant 80 ans, et a rendu les armes en 1968, assassinée par l’individualisme rampant et la société de consommation. Mais elle a existé ! Il s’agit bien là d’une expérience communiste réussie ! Et qui n’a strictement rien à voir avec ce qu’on appelle de manière abusive le communisme soviétique, qui n’a été rien de plus qu’un totalitarisme parmi d’autres.

Nous vous conseillons donc la visite guidée de ce Familistère, car elle est passionnante. Bien sûr, vous n’irez pas à Guise uniquement pour cette raison, car il y a aussi un château fort à visiter (celui construit par les fameux seigneurs de la ville), et une boutique associative, Les copains d’Thiérache – qui fera elle aussi l’objet d’une étape du guide à Gallus -, dans laquelle vous trouverez de savoureux produits bio du terroir. Puis, d’ici peu un ouvrage viendra enrichir la Gallusothèque : Solutions sociales, écrit par… Jean-Baptiste André Godin.

Ne désespérons pas : des solutions existent pour lutter contre le capitalisme et l’individualisme, et nous ne sommes pas les premiers à souhaiter les mettre en application. Inspirons-nous de nos ancêtres et appuyons-nous sur eux pour réinventer notre avenir !


La laiterie de Paris, Paris 18.

Dans la Goutte d’Or, nous sommes de plus en plus gâtés, pour ce qui est des petits commerces. Pour preuve, depuis environ un an a ouvert la laiterie de Paris (toutes nos excuses pour ce lien Facebook).

Situé au 74, rue des Poissonniers, ce fromager, propose des produits principalement bio et locaux. Tellement locaux qu’une bonne partie est fabriquée… sur place, avec du lait collecté en Île-de-France et en Normandie (ben oui, dans le 18ème, il n’y a plus beaucoup de vaches, chèvres ou brebis). Pierre est peut-être le premier fromager depuis fort longtemps (toujours ?) à avoir créé un fromage parisien !

Amoureux de ce savoir-faire artisanal et de Paris, il a lancé un financement participatif en 2017 pour trouver les fonds qui lui ont permis d’ouvrir son atelier, après avoir parcouru la France et le monde pour apprendre auprès des meilleurs producteurs de fromages. Alors il est difficile de vous sélectionner un produit parmi tant d’autres, car ils sont tous d’une grande sapidité, mais bon, on peut tout de même vous conseiller le riz au lait maison, les yaourts de brebis et de chèvre, maison aussi, mais comme tout est maison ou presque on va arrêter de préciser que c’est maison… puis de toute manière tous les fromages valent le goût et le coût !

Peu avare d’audace et de bonne chère (non non, cet article a été relu plus de deux fois avant sa publication, et nous vous assurons qu’il n’y a aucune faute d’orthographe dans cette phrase), Pierre propose aussi des fromages conçus avec des produits du quartier, comme par exemple le Myrha, qui s’appelle ainsi car aromatisé à la bière « la Myrha » brassée par la brasserie de la Goutte d’Or, à cinq cent mètres de la laiterie de Paris, et intitulée ainsi en hommage à la rue Myrha (ouh là, on sent qu’on n’est pas loin de l’envie de créer des acronymes récursifs, là !).

Puis ça ne s’arrête pas à cette belle production ! Figurez-vous que derrière la vitrine de ce petit commerce il y a aussi une démarche responsable : la consigne a été remise au goût du jour. Vos pots de yaourts, crèmes fraîches, riz au lait, et votre bouteille de lait sont en verre ! Et les pots ont une contenance de 500 grammes, pour éviter la multiplication des contenants qui constituent autant de risques de déchets (pour info, le verre est censé être un matériau qui se recycle à l’infini, mais personne n’a encore pu le prouver – spéciale dédicace à une personne qui se reconnaîtra, si tant est qu’elle lise ces lignes :-). Alors, pour être cohérent avec cette démarche, venez avec vos propres récipients pour y glisser vos fromages. Il est tellement dommage de les emballer dans du papier alors qu’on pourrait s’en passer !

Quand on vous chante que les supermarchés n’ont de super que le nom, croyez bien qu’on s’appuie sur des faits concrets et sur une pratique des alternatives proposées !

Alors à vos gamelles ! Prêts ! Partez pousser la porte des petits commerces !


Le Studio 28, Paris 18.

Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’y a que deux cinémas dans le 18ème arrondissement de Paris, alors qu’il s’agit d’un des plus peuplés de la capitale. Mais heureusement, l’un de ces deux cinémas est le Studio 28.

Au coeur de Montmartre, cette salle unique propose, outre une programmation intéressante et recherchée (l’un des derniers films à y avoir été diffusé et l’excellent En guerre de Stéphane Brizé), un cadre accueillant et chaleureusement historique : le coin restaurant / terrasse permet de profiter du temps doux en patientant avant la séance devant un verre et / ou une part de quiche cuisinée maison ; le mur des célébrités expose quelques traces de pieds non odorantes (idée apparemment vite arrêtée – peut-être par manque de place ? ) ; des expositions régulières sont organisées pour habiller les murs et rester au contact des artistes ; dans la salle, les fauteuils sont très confortables, mais surtout, un très beau lustre dessiné par Jean Cocteau vous ravit les pupilles tant que la lumière ne s’efface pas au profit du film que vous êtes venu voir.

Une carte de cinq places à 33€ ramène le prix de la séance à un niveau des plus acceptables, et des tarifs réduits sont proposés aux personnes avec beaucoup de temps libre.

Ce cinéma, qui a su rester à la pointe de la technologie, a été ouvert en 1928 et fête donc ses 90 ans d’existence ! Il faut espérer que son espérance de vie soit encore longue, car cette salle est très attachante et totalement intégrée dans ce quartier pittoresque.

Vous la trouverez au 10, rue Tholozé, mais profitez-en pour vous balader aux alentours, car le coin est magnifique.


Soulableta, Paris 18.

Le quartier de la Goutte d’Or est une vraie petite pépite ! Et c’est notamment grâce à ses petits commerces.

L’un des plus intéressants, c’est un disquaire du nom de Soulableta, situé au 47, rue Marcadet.

Il propose une boutique chaleureuse, dans laquelle vous pouvez vous asseoir et écouter de la musique (étonnant, non ?) : un petit coin est prévu pour ça, avec platine de disque vinyle, lecteur de disque compact (eh oui, on trouve de tout dans les rayons !), et casque audio pour vous immerger dans une ambiance musicale et oublier ce qui vous entoure.

Tous les styles sont proposés dans les bacs, avec une place de choix pour la musique dite « du monde », et le monde englobant absolument tous les pays, vous retrouvez donc tous les styles de musique à Soulableta.

Puis il faut bien admettre que le boutiquier est vraiment de bon conseil. Oubliez donc Amazon et sortez de chez vous pour vous laisser guider par sa faconde ! Dernièrement, il nous a fait découvrir l’AblumE de Kofi, un mélange afro-rap mêlant des sonorités jazz et blues à des paroles qui ont du sens, qui ont le courage de s’engager et de proposer une réflexion enrichissante sur notre société.

Disques vinyles et compacts sont presque devenus des objets obsolètes, et plutôt que de les jeter, une nouvelle vie leur est proposée dans cette antre. Vous trouverez donc principalement de l’occasion, ce qui inscrira votre achat dans une démarche durable et respectueuse de l’environnement, d’autant plus qu’il vous est aussi possible de faire réparer votre chaîne HI-FI en cas de problème. C’est là un service supplémentaire qui n’est pas anodin, car on se sent parfois abandonné lorsqu’on fait face à des problèmes techniques sur nos équipements domestiques. Vous pourrez aussi, en cas de panne définitive, remplacer l’élément manquant à cette adresse.

Et Soulableta ne manquant pas d’idées et de volontés, des concerts sont régulièrement organisés afin de permettre aux artistes, notamment locaux (leurs disques sont mis en avant près de la caisse), de s’exprimer et de faire découvrir leur univers aux chalands qui se promènent dans les rayons.

Notre quartier est vivant, et c’est notamment grâce à ce type d’endroit.


La bibliothèque Robert Sabatier, Paris 18.

Si on tient à évoquer avec vous l’une des bibliothèques du 18ème, ça n’est pas pour son architecture, ou pour sa décoration intérieure qui, soyons francs tout en restant sympathiques, n’ont rien de bien particulier. La preuve en image :

En revanche, nous sommes convaincus que c’est en lisant qu’on sera les mieux armés face à ça. « Ça quoi ? » allez-vous nous rétorquer. « Eh bien ça tout ! Ça le monde, quoi ! Ça la vie ! Ça l’individualisme, ça l’égoïsme, ça le terrorisme, ça le capitalisme (les deux derniers termes étant un peu redondants, non ?) ! Et ça on en passe beaucoup beaucoup ! »

À la bibliothèque Robert Sabatier (écrivain et poète français très très connu dont on n’a jamais lu un seul ouvrage mais peut-être que ça viendra), il vous est proposé un très grand choix de lecture, aussi bien livres que bandes-dessinées. Et si vous êtes parisiens, il suffit de vous inscrire pour pouvoir emprunter gratuitement ce qui vous fait envie. Eh oui, gratuitement.

Alors nous, on vous conseille de lire goulûment, voire avec avidité (sélection non exhaustive) :

. Côté bouquins, tout Robert Merle (son oeuvre traverse tous les genres, du roman historique au roman d’anticipation, en passant par le documentaire) ; tout Isaac Asimov (science-fiction cérébralo-divertissante) ; tout Élisabeth Badinter (réflexion féministe sur notre société) ; tout Robert Silverberg (science-fiction divertisso-cérébrale) ; tout Amin Maalouf (aventures arabo-fantasques) ; et on en passe beaucoup beaucoup !

. Côté bandes-dessinées (et non bandes-decons comme pensent certains),  » Les derniers jours d’un immortel  » de Gwen de Bonneval ;  » Magasin général  » de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp ;  » Le pouvoir des innocents  » de Luc Brunschwig ;  » Rides  » de Paco Roca ;  » Gaza 1956  » de Joe Sacco ; et on en passe beaucoup beaucoup !

Puis, accessoirement, vous pouvez aussi emprunter des CDs, des DVDs et des magazines.

Ce qui est intéressant, aussi, c’est de s’abonner à l’info-lettre de la bibliothèque Robert Sabatier, car des événements réguliers y sont organisés, aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Bref, c’est un lieu qui vit, quoi, comme se doit tout espace public.

Allez-y de la part du duo Gallus, vous y serez accueillis à yeux tout ronds et grands ouverts !

Ah c’qu’on est bien dans not’ 18ème !


Le Freemousse.bar, Paris 18.

Le Freemousse, c’est un poème parisien.

Imaginez une forêt de lumière qui vous éclaire avec douceur, et des vieux meubles récupérés et détournés pour vous offrir les meilleures bières du coin.

Vous êtes au Freemousse.

Approchez-vous de la comtoise – n’ayez pas peur – ou alors du piano, qui vous permettent de tirer de la bière debout (c’est peut-être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup), puis passez de l’autre côté du mur pour boire quelques centilitres de disques vinyles en écoutant quelques bonnes bières, bref, laissez-vous fureter dans ce magnifique lieu créé par Éric et Sylvie, dont les frimousses souriantes vous accueilleront derrière le bar pour vous servir des cocktails maison et des assiettes de friandises de gueule.

Le Freemousse, c’est un bar dans lequel on se sent très bien. Sereins. Loin de tout le vacarme de la ville.

C’est l’une des meilleurs adresses du 18ème !

Mais attention : le « Free  » de Freemousse ne veut pas dire gratuit, mais libre ! Donc toutes les pompes à bières sont en libre-service, mais pas gratuitement : il vous suffit de demander une carte au comptoir lors de votre première venue et de la recharger avec le montant désiré. Cette carte est valable six mois.

Principe bien sympathique et novateur qui permet de s’organiser des dégustations de breuvages autour de belles assiettes de charcuteries et de fromages.

Lors de vos promenades citadines, ou lorsque vous rentrez du boulot, arrêtez-vous quelques instants au Freemousse, et ressourcez-vous un peu. Ça fait du bien.


La piscine des Amiraux, Paris 18.

Mens sana in corpore sano… Hé oui, votre duo latinisant se préoccupe de votre bien-être !

À Paris, dans le 18ème, au numéro 6 de la rue Hermann Lachapelle, se trouve une piscine qui vaut la trempette : la dénommée « des Amiraux ». Cet équipement est l’oeuvre de l’architecte Henri Sauvage, considéré par certains de ses pairs comme un précurseur de l’architecture dite moderne.

Construite entre 1927 et 1930, elle commençait sérieusement à avoir besoin d’une bonne rénovation, mais attention ! étant classée monument historique depuis mars 1993, il ne fallait pas faire n’importe quoi avec.

Du 3 août 2015 jusqu’en octobre 2017, la piscine a donc été fermée, au grand déplaisir de ses utilisateurs, pour gros travaux. Mais ça valait le coup d’attendre, car le résultat est une belle réussite ! Tout a été rénové dans le respect des équipements d’origine (quel plaisir de pouvoir laisser ses affaires dans une cabine numérotée, dans laquelle on s’est changé, et dont on n’a pas à conserver une clef attachée inconfortablement à son poignet ou sa cheville), avec un petit plus : des lumières ont été ajoutées au fond de la piscine, offrant aux nageurs des effets hypnotisant sur les plafonds des différents étages de cabines, puis de la voûte en béton.

Opération réhabilitation réussie. Le déplaisir des deux ans de fermeture pour travaux est largement compensé par le résultat. Allez y faire trempette, ça vaut le détour !


ABDC, Paris 18.

ABDC ? Késaco ? C’est le b.a.-ba de la consommation responsable !

Avec nos textes, nous vous chantons, entre autre choses positives et enthousiastes, que les pesticides ont envahi nos sols et nos corps, que les supermarchés sont inhumains, et que nous pourrions finir par vivre au pays d’pas d’homme si on ne fait rien. Bon, d’accord, mais que faut-il faire, alors ? Consommer bio ? Oui, c’est bien, mais pas suffisant : une consommation de produits bio n’aurait pas vraiment de sens si on ne consommait pas local.

Et que nous propose Au Bout du Champ (eh oui, ABDC est un acronyme) ? Des fruits et légumes bio (ou, parfois, « ultra-raisonnés » comme ils disent ; on ne peut pas être parfait) produits localement, à moins de cent kilomètres du point de vente.

La petite boutique que nous vous conseillons se situe au 118, rue Caulaincourt (il y en a deux autres dans Paris, dans les 17ème et 9ème arrondissements), et son parcours étroit et court vous invite à voyager dans les petites productions à tailles humaines de notre région Île-de-France. Bien évidemment, vous aurez du mal à y trouver des bananes ou des clémentines… mais les fruits et légumes sont à un prix abordables (grâce à la réduction du nombre d’intermédiaires entre le consommateur et le producteur), et finissent très savoureux en bouche.

En plus, on sent que les vendeurs sont valorisés par la qualité des produits qu’ils vendent, et par le sens que cette qualité confère à leur travail. Dans la vie, il y a des métiers importants, voire indispensables, et toute la chaîne de ceux qui permettent de nous nourrir en respectant l’humain et l’environnement en font sans nul doute partie !

ABDC est ouvert tous les jours jusqu’à 20h, dimanche compris. Allez y faire un tour après le boulot ! Ah, et n’oubliez pas que si vous y allez de la part du guide à Gallus, on vous offrira un sourire gratuit (mais, surtout, on ne comprendra pas de quoi vous parlez) !