Nouvel ouvrage dans la Gallusothèque : « La stratégie du choc » de Naomi Klein.

Tout le monde le sait, les États-Unis forment la plus grande démocratie du monde. Tout le monde ? Pas vraiment. Il semblerait qu’une poignée d’intellectuels résistent encore et toujours à cette assertion. Naomi Klein, journaliste et documentariste canadienne, fait partie de ceux-là, et revisite plus d’un demi-siècle d’histoire géopolitique avec La stratégie du choc – La montée d’un capitalisme du désastre.

Alors quoi ? Que peut-on bien apprendre qu’on ne sache déjà ? Eh bien étant donné qu’il est admis que l’Histoire est écrite par les vainqueurs, beaucoup de choses.

La Liberté est un concept hautement défendu par les États-Unis, et ça, personne ne peut en douter. Mais la Liberté de quoi ? La Liberté de qui ? La notion de Liberté est-elle la même pour un Français que pour un Américain (ou plutôt, devrait-on dire, un États-uniens, car il y a beaucoup d’autres pays en Amérique !). Est-elle similaire en Argentine, en Afrique du Sud, en Chine à la notion défendue par les États-Unis ? Non, certainement pas, et c’est cette différence que met en avant ce livre.

Les États-Unis défendent par dessus et avant toute chose la Liberté d’entreprendre, plus communément appelée la Libre-entreprise. Et si pour défendre cette Liberté-là il faut mettre à mal celle d’individus ou même celle d’États, il n’y a aucun doute à avoir sur les choix qu’ils opéreront. Ils feront toujours passer en priorité la Liberté d’entreprendre avant tout le reste. Par dessus tout le reste. Et le plus important, bien évidemment, c’est la Liberté d’entreprendre de leurs entreprises !

Il faut destituer un président élu démocratiquement et engageant des réformes sociales améliorant les conditions de vie des Chiliens ? Pas de problème, ce sera fait en 1973 pour pouvoir forcer l’ouverture du marché aux entreprises américaines (un véritable viol économique).

Il faut écarter un dirigeant irakien prenant un peu trop d’aisance dans sa manière de gérer ses intérêts pétroliers ? Pas de souci, ce sera fait à deux reprises, en 1991 puis en 2013, et peu importe si le peuple irakien ne se satisfait pas de ce nouveau régime et de ces nouvelles conditions de vie.

Il faut créer un climat perpétuel d’angoisse et de peur pour permettre la croissance fulgurante du secteur de la sécurité et doper l’économie mondiale ? Aucun inconvénient, il suffit de s’ingérer dans les affaires d’un maximum de pays et de pointer du doigt des ennemis créés de toutes pièces (souvenons-nous notamment des mensonges avérés sur les armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein).

Tant que la croissance économique est au rendez-vous, et que les États-Unis restent la plus grande puissance économique mondiale, tout va bien !

Les recoupements se font ensuite tout seul, par exemple avec Dette, 5000 ans d’histoire de David Graeber (disponible aussi dans la Gallusothèque), qui pense pouvoir affirmer que si le dollar est aujourd’hui la première monnaie, la plus importante, c’est avant tout parce que les États-Unis entretiennent (à crédit) la première armée du monde. C’est parce qu’ils l’imposent par la force et au détriment de beaucoup de libertés (sans majuscule, car, pour eux, elles ne sont pas importantes). Là où David Graeber théorisait sans trop insister sur les exemples pratiques, Naomi Klein a réuni tous les éléments (ou presque) permettant d’appuyer cette théorie.

Ce livre est un véritable choc : il nous dévoile une stratégie états-unienne faisant froid dans le dos.

Est-on bien certains qu’on parle d’un pays allié ? D’un pays ami ?

Cet ouvrage est à votre disposition sur simple demande !

C’est en lisant qu’on sera les mieux armés face à ça.